Possibilité de dérogation concernant les néonicotinoïdes pour la betterave sucrière en cas de danger sanitaire
S’il est politiquement ardu de revenir sur l’interdiction, actée en septembre 2018, de cinq néonicotinoïdes assortie de celle des nouvelles molécules agissant comme les néonicotinoïdes, substances particulièrement dangereuses pour les pollinisateurs et rémanents dans le sol et l’eau, c’est au nom de l’urgence à agir pour assurer le maintien de la filière betterave-sucre en France.
De fait, l’attaque inédite de pucerons, qui véhiculent le virus de la jaunisse, a abouti à une perte de production betteravière de l’ordre de 20 % à 40% Ce sont dès lors les 21 sucreries françaises et leurs emplois qui pourraient se trouver en grande difficulté, dans un contexte de fragilité de la filière, le marché international du sucre étant très compétitif. La France est le premier producteur de sucre en Europe et il y a là des emplois : 25 000 agriculteurs et 19 000 emplois dérivés.
Dès lors, la possibilité ouverte de déroger à l’interdiction des NNI en cas de risque non maîtrisable, pour une durée limitée et de manière très encadrée paraît de bon sens puisque sans remettre en cause l’interdiction des néonicotinoïdes, elle s’applique à une réalité où les alternatives réelles ne sont pas encore en place…
Pour ce qui est de l’encadrement, voici ce qui est prévu : semences enrobées pour éviter au maximum le risque de contaminations des cultures à proximité ; dérogation décidée année après année, dans la limite de trois ans, chaque hiver, au vu de la situation ; possibilité pour l’agriculteur de choisir entre semence enrobée ou sans enrobage au vu du faisceau d’indices fourni pendant l’hiver, en amont des semis à la mi-mars ; absence de rotation des cultures pour éviter que les insectes de cultures florifères ne soient impactés ; plan de prévention qui prévoit l’implantation de zones favorables aux insectes butineurs ; programme de plantation de haies bocagères pour lutter contre les pucerons ; comité de suivi de la filière pour s’assurer que la recherche d’alternatives est effective. A terme, un sucre français de betteraves bio serait un bien pour l’environnement, pour l’agriculture, comme pour le consommateur.
Tout cela n’est pas de nature à nous faire oublier le problème de substances neurotoxiques qui ont un impact considérable sur les insectes et la biodiversité mais à nous rappeler aussi combien le chemin de la transition à emprunter est complexe et nécessite le dialogue.
Car rien n’est plus regrettable que de constater à quelles divisions brutales nous amènent des débats souvent caricaturés quand l’enjeu de la sauvegarde de la biodiversité doit nous réunir tous et toutes…