Majorité relative à l’Assemblée nationale
Sortir de l’impasse ?
La situation est inédite et pour le moins imprévisible.
Un président réélu par peu de Français, beaucoup arguant d’un « choix par défaut », contre la candidate d’extrême droite- la digue quoique fragilisée a tenu encore, du moins aux présidentielles- une majorité relative qui ne permet pas au président de « dérouler son programme » comme le permettait aisément nos institutions de la Vème République. Une partie de nos concitoyens pensent qu’il y a là du bon puisqu’on pourra davantage tenir compte des propositions des oppositions. Seulement ces mêmes oppositions ont déjà l’œil rivé sur 2027. Peut-être plus qu’elles ne sont guidées par « l’intérêt général », appel incantatoire lancé en chorus par les têtes de la majorité qui invoquent l’esprit de responsabilité de politiques normalement tous animés par la réussite du pays. Le presque équilibre entre bloc de gauche dominé par LFI et le bloc de droite – LR et Rassemblement national- complique l’équation. Un texte qui penche à droite – avec par exemple souci de rigueur budgétaire à la clef- déclenchera les foudres de la gauche, idem en sens inverse si jamais l’on touche aux marqueurs identitaires du camp. On ne voit pas des députés qui ont dézingué à tout va la politique de « Jupiter » pendant 5 ans se résoudre à sortir de leurs postures, mais plutôt appliqués à poursuivre le travail de sape et tirer à boulets rouges sur un président désigné comme unique responsable. Sans doute assiste-t-on là à une leçon institutionnelle en direct. L’autorité est en crise, jusqu’à son sommet. Le régime présidentiel pointé du doigt… Reste à savoir si un régime parlementaire efficace peut fonctionner avec cette Assemblée aussi archipellisée que l’est la France de 2022. Le paradoxe est que le groupe qui a le plus d’intérêt politique à voir fonctionner l’Assemblée est peut-être le RN, en quête continue de normalisation, qui ne peut que gagner à s’afficher « responsable », à l’opposé exact d’LFI, alors que ses députés n’ont jamais pu guère faire montre de leur travail. Marine n’a aucun intérêt à risquer de perdre un tel groupe par dissolution. Mais les lignes rouges programmatiques sont telles que l’on ne perçoit guère les pistes possibles d’accords.
Alors ou bien l’on n’avancera pas… Et il faudra retourner aux urnes. Acter qu’un président doit avoir la main pour gouverner avec son Premier ministre, ses députés sans pour autant négliger la prise en compte réelle des propositions des oppositions. Ou bien l’on invente quelque chose. En s’appuyant sur tous ceux qui refuseront la mise à l’arrêt du pays, alors que l’urgence climatique, sociétale sont bien là, hurlantes.
Le président a raison de rappeler que la deuxième option correspond au souhait des Français tel que sorti des urnes. Malgré tout si rien n’avance on n’aura d’autre choix que de faire le constat d’un dysfonctionnement qui nous ramènera aux urnes.
Pas d’autre alternative que ces deux-là…
Et l’espoir mince qu’il reste des politiques qui au-delà des étiquettes n’oublient pas solidairement qu’on est tous du même beau pays.