Journée mondiale des enseignants
À l’occasion de la journée mondiale des enseignants, force est de rappeler la prise de conscience absolument impérative qui doit s’opérer en France, de la part de l’ensemble des acteurs, face à la considération perdue pour nos enseignants.
Dans l’Éducation, il y a quelque part, deux mondes : ceux qui en parlent et ceux qui la font.
Ceux qui en parlent ne cessent parfois, sous couvert d’un intérêt pour l’école, bien naturel, de vouloir former les enseignants, leur apprendre ce qu’ils ne sauraient faire, leur dire ce qu’ils devraient enseigner, leur dicter leurs méthodes, leurs façons de disposer les élèves dans une classe… Cela se traduit par des propositions de nouvelles matières, l’instauration de journées voire de semaines consacrées aux sujets de société divers et variés, de drôles d’expérimentations où l’on ne cherche même plus parfois à placer l’élève en situation d’apprenant en réalité. L’école n’est jamais au niveau pour eux. Et ces discours finissent de la miner.
Ceux qui la font, l’Éducation, la pratiquent au quotidien, avec comme moteur initial – on ne le rappellera jamais assez – la vocation, intemporelle, de la transmission, vivent autre chose à l’intérieur. Ils perçoivent quotidiennement ces injonctions permanentes venues de l’extérieur et souvent relayées directement par des parents critiques « du système scolaire ». On n’hésite plus à venir contester une sanction, réclamer la correction d’une note, harceler parfois l’enseignant même.
Dans ce contexte propice à la défiance, les professeurs n’ont qu’une obsession : transmettre du mieux possible leur savoir, faire progresser chaque élève – avec l’extrême diversité des profils que peut présenter une classe – tout en participant à l’éducation de futurs citoyens qui devront s’insérer dans la société. Leurs meilleurs alliés ? Les parents bien entendu, dont ils attendent simplement des règles de bases : des enfants couchés tôt, préservés d’un usage excessif ou trop précoce des écrans le plus possible, éduqués avec quelques règles de savoir-vivre. Ils veulent pouvoir rencontrer les parents, premiers éducateurs, lors des rencontres prévues à cet effet.
Parfois il y a des familles défaillantes. Les professeurs sont alors présents pour pallier les difficultés, accompagner du mieux possible. Mais là, ils ne peuvent être laissés seuls. Il faut qu‘élus, éducateurs sportifs, professionnels du médico-social, construisent pour ces jeunes, très tôt en difficulté, un suivi actif, concerté. Sans cela, c’est l’avenir de ces jeunes qui est en péril et toute la bonne volonté d’un professeur, d’une équipe même, ne peut parfois suffire à corriger la mauvaise trajectoire qu’il voit se dessiner devant lui.
On attend énormément des professeurs.
Force est de constater que l’on évoque parfois plus vite le souvenir d’un professeur en difficulté ou peu compétent – voilà bien une profession, comme pour la médecine, où l’on n’aimerait que de l’excellence ! – que la masse des apports successifs que nous auront apportée, au fil des ans, professeur après professeur, les connaissances, compétences, transmises patiemment, sur les bancs de l’école.
Alors, que cette journée mondiale des enseignants soit l’occasion de vous interroger : êtes-vous de ceux qui parlent de l’école ou de ceux qui la font ? Car c’est bien à ceux qui font l’école au quotidien, les enseignants dans leurs classes, qu’il faut rendre hommage.
Je connais l’énorme investissement que nécessite une préparation de cours, l’énergie qu’on déploie en classe, le temps passé à corriger des copies, les préoccupations vécues pour tel ou tel élève, le besoin de souffler aussi, pour « regonfler les batteries ».
Puisse-t-on mieux respecter cela. Écouter ce que disent les enseignants. Ceux qui font l’école.
C’est un impératif car là, sur le terrain, à force de n’être pas entendu, on s’épuise parfois.
Au moins cette journée aura servi à quelque chose et servi… nos élèves.