Bien-être animal : sujet brûlant qui ne doit pas diviser
Un consensus existe. « Etes-vous pour ou contre le bien-être animal ? »… Quel Français répondrait qu’il est contre ? Chacun sait que l’autre, animal, si proche de nous, est sensible, indispensable à nos vies, parfois partie intégrante de celles-ci.
Il faut rappeler ce consensus car les débats autour du RIP déchaînent les passions, les violences même dans les propos. Nous, députés, sommes bombardés de milliers de mails de tous « bords ». Sujet brûlant donc mais ô combien à manier avec des pincettes. Car il est difficile…
De fait, l’instrument scientifique pour mesurer le bien-être de l’animal n’est pas là. Dès lors on suppute… Est-ce qu’un animal captif, dressé pour le spectacle mais qui fait malgré tout l’objet d’attention, de soins, aura une vie longue, est nécessairement dans le mal-être ? Peut-il, comme l’homme, animal aussi, éprouver un bien-être au fait de prendre part à un spectacle ? Je ne sais pas répondre à ces questions. Chacun se fait son avis.
Le RIP dérange aussi la rurale que je suis par des mesures qui semblent cibler trop fortement la vie à la campagne : chasse à courre, élevage. Rien étonnamment sur les chiens de grande taille élevés en appartements et qui ne connaîtront que le goudron. Comment mesure-t-on leur mal-être ? Toujours la même question.
J’ai vu aussi des élevages ; j’ai grandi dans ces élevages. Il me paraît normal de souhaiter limiter la concentration, demander plus d’espace vital pour les animaux d’élevage. La fin des cages fait largement consensus…
N’oublie-t-on pas pourtant de rappeler que les élevages d’autrefois n’offraient guère aux animaux plus de confort, que les bâtiments agricoles ont plutôt bénéficié d’aménagements importants pour améliorer le bien-être des bêtes ? Peut-on parler de mal-être quand les animaux sont l’objet de soins quotidiens, soignés, nourris, mis à l’abri des intempéries, du froid ? Toujours la même question.
Pour la chasse à courre, la corrida, on s’interroge : le rapport à l’animal, quotidien dans nos campagnes, où l’on côtoie et connaît la violence intrinsèque à la nature, n’est pas le même en ville. La tolérance à la mort de l’animal n’est pas la même pour tous. Sans doute la pression de la société, l’intolérance grandissante à la mort, quand bien même la période nous confronte de plus en plus à la mort brutale des hommes (attentats, guerres), obligeront à faire évoluer les pratiques. Sans doute la tradition, mise en avant, pourra être respectée mais la question de la mise à mort évoluer. N’est-ce pas aux acteurs eux-mêmes de se saisir du sujet plutôt que d’imposer via la loi et de créer ainsi des divisions extrêmes, des tensions, dont notre société doit le plus possible être préservée ?
Je voterai en conséquence les mesures qui me paraissent le plus créer le consensus : la fin du dressage des animaux sauvages qui, personne ne peut le nier, ont le droit à une vie sauvage, et finissent trop souvent leur vie, dans des refuges, après leur vie de spectacle ; la fin des élevages de visons. Pour le reste, la définition de l’« intensivité » des élevages demande éclaircissement. Quelle jauge ? Pour quelle filière ? Quelle « intensivité » des élevages en France par rapport à nos voisins ? Il faudra nécessairement associer les éleveurs à la réflexion pour ne pas créer, là encore, d’oppositions qui n’apportent rien. Pour la chasse à courre, la corrida, rien ne peut se faire, de mon point de vue, sans un engagement des pratiquants eux-mêmes.
Car au nom du bien-être animal, on ne peut mettre à mal le bien-être de l’homme qui progresse dans le dialogue, la compréhension mutuelle et non dans le radicalisme. Et c’est ce qui me gêne le plus sur le sujet : la violence des échanges quand bien même, rappelons-le, le sujet du bien-être animal fait forcément consensus pour tous.