Une nuit au Musée Robert Tatin
Samedi, c’était la nuit européenne des musées, ouverture exceptionnelle, simultanée et le plus souvent gratuite de musées européens ; samedi, c’était la nuit des musées, la quinzième, et le musée mayennais Robert Tatin a fêté la première étape de ses 50 ans ; 50 années depuis que cet étrange musée a été « contrôlé par le cabinet d’André Malraux » pour devenir officiellement un musée le 1er janvier 1969. Il est depuis 2002 « musée de France », ce lieu à part, niché en pleine campagne, et né de l’imagination débordante et que certains qualifieront à l’époque de farfelue, du peintre et sculpteur Robert Tatin. A travers ce musée et cet artiste bâtisseur à la créativité exceptionnelle, je voudrais saluer le patrimoine artistique et culturel de nos campagnes, de nos provinces.
Oui, il fut possible à ce natif de Laval, fils d’un monteur de chapiteaux de cirque, après un apprentissage de peintre en bâtiment, de monter à Paris en 1918, de suivre des compagnons charpentiers, d’y rencontrer entre autres Breton, Dubuffet, Prévert, de voyager en Europe puis de découvrir Amsterdam et New-York avant la deuxième guerre, pendant laquelle il fut mobilisé, puis d’offrir, à la fin de sa vie, à sa terre natale, tout le fruit de ses expériences de peintre, charpentier, fresquiste et mosaïste, à travers cette maison-musée, qui draine à présent chaque année et depuis longtemps les écoliers et collégiens de tout le département et des visiteurs venus de plus loin. On y apprend, et j’y ai appris petite, sur la terre battue de l’allée des Géants, que même à la campagne on pouvait vouloir être artiste, que même à la campagne, on pouvait aimer l’art, et c’est un si beau message que nous laisse à tous, cette maison de Robert Tatin, sereine et traversée de mille épopées et épreuves de vie…